ETUDES de 1965/66 à 1973
Toulouse / Paris - Premières années à Toulouse, années centrées sur l’enseignement du dessin sous toutes ses formes : apprendre à voir, à saisir la rigueur des ordres classiques, de la composition, des proportions, des ombres, des intersections de volumes...
1968 marque un tournant, études poursuivies à UP1-Paris, la question du logement portée par Maillard, Duplay, Kalisz, Zubléna ... devient centrale « construire pour le plus grand nombre », réflexions sur la méthodologie, le rôle des trames en lien avec des programmes hybrides, la recherche de systèmes constructifs, avec l’appui d’ingénieurs- acier, béton, bois -de haut niveau : Fruitet, Bancon, Brochard, enfin ouverture pluridisciplinaire. Les conférences suivies de Yona Friedman, Claude Parent (la fonction oblique), Emile Aillaud (la Grande Borne) ou encore de Henri Lefebvre, la découverte de Jacques Simon paysagiste ont constitué des fondements dans notre parcours. Tout comme la période de « charrette » sur le grand concours d’Evry (7000 logements) à l’agence Andrault et Parat en 1972 avec artistes et paysagistes.
Arts et Métiers - L’enseignement au CNAM de J. Vienne sur les politiques publiques, et le schéma général d’aménagement de la France, les cours de Jean Prouvé sur les techniques industrielles de l’architecture, les ouvrages d’art, les grandes portées et la relation architecture/structure ont en parallèle suscité de nouvelles curiosités.
Paris VIII Vincennes - Enfin persuadés du lien indissociable entre architecture et urbanisme, nous avons obtenu une Maîtrise au sein de la nouvelle Université de Paris VIII Vincennes autour de Françoise Choay, Pierre Merlin, Michel Coquery, Jean Baudrillard, Henri Laborit ; enseignement complété par les voyages autour du Grand Londres et d’Amsterdam guidés par P. Merlin. Plus tard d’autres voyages, sur les traces où à la rencontre d’architectes majeurs, tels Hassan Fathy au Caire, ou Doshi en Inde, ne cesseront d’enrichir nos réflexions.

ATELIER 13 - L'EQUIPE

Création en 1973 de l’Atelier 13 à Paris suite au premier concours remporté, concours d’urbanisme et de programmation organisé par la SCET à Moulins Avermes, pour la création d’une zone de 2000 logements et équipements associés. Premier contrat d’études mais sans réalisation.
Création de l'Atelier 13 en 1975 à Toulouse.
La commande publique, la réponse aux concours, sont à la base de nos choix d’exercice.
Avec une équipe de 8 à 13 collaborateurs et appuyés sur d’autres compétences : bureaux d’études, scénographes, paysagistes, cuisinistes, ergonomes, acousticiens, maquettistes, etc. en fonction des projets abordés, nous avons conservé dans chaque opération, le rôle de mandataire, un rôle essentiel en cas d’association tout comme la mission chantier, tant celui-ci constitue une étape indispensable pour la maîtrise globale des détails et la cohérence du projet dans son ensemble.
LE LOGEMENT
1974 - Lauréats du PAN V, Programme Architecture Nouvelle sur le thème Villes moyennes, en association avec Y. Cam et P. Muller Feuga. Nous réalisons en suivant 200 logements à Epinal avec commerces et parkings silos. Première traduction d’un projet tramé, et l’utilisation d’un système constructif CTICM-A2 (poteaux de faible section en métal, assemblages à sec, façades préfabriquées).
1975 - L’année suivante, et toujours en association, nous sommes lauréats du modèle innovation « Plateau Libre » projet primé par le ministère de l’Equipement et du Logement.
« Plateau Libre » deviendra « marché cadre », s’en suivront de nombreuses opérations de logements sociaux dans toute la France, dont à Toulouse. Il s’agit ici d’un système ouvert à partir d’une combinaison de trames servantes et d’une grande trame, le plateau libre. La recherche se focalise sur les qualités essentielles du logement : flexibilité, capacité d’évolution, qualité d’usage ; choix constructif par points porteurs, surfaces généreuses, terrasse en lien avec cuisine-séjour, espace supplémentaire, enfin cloisonnement libre sur le plateau, d’où son nom. Le système « ouvert » permet des réponses d’assemblages, de volumes et de traitement des façades illimités échappant ainsi à la notion de modèle.
Une richesse de détails complète la proposition, tel la fenêtre à double hauteur d’allège pour permettre la vue aux enfants.
Dès lors, nous choisissons la voie des concours dans le domaine du logement.

REQUALIFICATION DE TERRITOIRES - INFRASTRUCTURES

A partir des années 80, suite à la parution de la loi sur l’architecture, et la création de la MIQCP - Mission Interministérielle pour la Qualité des Constructions Publiques - c’est l’ouverture aux concours d’équipements publics.
C’est aussi le départ d’une réflexion sur l’urbain et la requalification de grands territoires.
1988- concours pour le schéma directeur du Centre Spatial de Toulouse, avec à la clé un rôle d’Architecte Conseil 1989 / 2014.
Notre intérêt se tourne alors vers les ouvrages d’art et les aménagements liés aux infrastructures routières et aux espaces urbains.
Les années 2000 sont marquées par le concours pour la ligne B du métro à Toulouse, création d’une charte architecturale et de design applicable aux 20 stations, mission d’Architecte Conseil et réalisation de la station Jean Jaurès, station de connexion ligne A/ligne B.
EQUIPEMENTS PUBLICS - RESTRUCTURATION - RECONVERSION - REHABILITATION
Les opérations de restructuration, reconversion, ou réhabilitation du bâti constituent un domaine important de notre activité : la compréhension d’un bâtiment dans son site et dans toutes ses composantes, la capacité de le sauver par une nouvelle affectation, une remise aux normes, l’intérêt d’un regard critique sur le programme, comme celui d’apporter des éléments d’architecture contemporaine, sont autant de moteurs de motivation.
Atelier 13 a réalisé de nombreux équipements publics, scolaires, universitaires, bureaux, logements. Dans chacun des programmes abordés, la recherche de la trame de structure guide les plans, une grande attention est portée à la clarté du fonctionnement, à la lisibilité des espaces. Le souci de la reconversion ultérieure des bâtiments projetés dicte le positionnement des accès. Le choix des matériaux, souvent laissés bruts (béton, bois, pavés de verre, brique hauteur d’étage) des structures apparentes témoignent d’une architecture attentive au milieu où elle s’insère. Ces choix participent à l’émotion transmise et au confort des espaces au même titre que la lumière naturelle.

Archives Atelier 13 déposées aux Archives municipales de Toulouse 2017.
"Une Recherche de Cohérence"
Titre de la conférence donnée par J.Ph .Loupiac et N.Roux-Loupiac le 30 janvier 2001
Présentation par Stéphane Gruet , architecte, philosophe, rédacteur en chef de la revue Poïesis
"La cohérence n’est évidemment plus à la mode, la revendiquer c’est se placer délibérément en retrait par rapport aux avant-gardes d’aujourd’hui qui, inspirées par les philosophies «post-modernes» privilégient le conflit, la désarticulation, l’hétérogène et le discontinu, dans leurs conceptions comme dans leurs productions formelles. Mais ce retrait par rapport à ceux qui se placent à la pointe de la flèche du temps, et qui n’ayant plus rien à voir en avant d’eux n’ont plus rien non plus à penser, ménage une perspective plus profonde qui leur permet de choisir leur chemin avec plus de raison, et de s’y engager avec plus de mesure, bref de gagner en sagesse ce que l’on perd en passions exploratoires. La joie alors n’est plus immédiate et subjective comme celle que l’on tire des aventures personnelles, mais plus tardive, objective et durable, comme celle que l’on tire d’un problème bien résolu; la reconnaissance de même n’est pas immédiate, large et superficielle, mais plus tardive et durablement enracinée; si elle vient moins peut-être du microcosme spécialisé, elle est en tous cas plus profonde et vient des usagers. Voilà qui tient à un choix fondamental, éthique avant d’être esthétique.
Sans doute leur formation élargie et le souci de l’échelle urbaine évidente dès leurs premiers travaux relèguent-ils les questions formelles au second rang de leurs préoccupations, comme conséquence d’une réflexion plus large, et sans doute est-ce pourquoi leurs réalisations manifestent cette «sagesse stylistique» qui nous donne le sentiment que l’essentiel est ailleurs, comme si chaque disposition architecturale n’était en somme que la conséquence d’une réflexion plus profonde et globale. Et c’est cette démystification de l’architecture comme production formelle qui donne à leurs oeuvres ce naturel, cette évidence dans chaque situation, cette politesse à l’égard d’un contexte auquel elles s’efforcent de répondre, sans brutalité ni dissimulation, avec élégance et pertinence. Et c’est cette distance par rapport à leur art qui lui restitue finalement son sens premier, un sens éminemment politique : servir au mieux les usagers, habitants, citadins. Sans doute est-ce pour cela que les pouvoirs industriels et politiques plus soucieux de pertinence que de marketing leur font volontiers confiance pour leur opération d’aménagement.
Voilà à quel degré d’excellence on peut atteindre lorsque le talent ne nous fait pas perdre toute humilité, et qu’on l’exerce avec constance et application aux problèmes de la cité. Ceux qui opposent l’éthique et l’esthétique n’ont pas compris que l’une et l’autre procédaient d’une même pensée, d’une même activité, et finalement se retrouvaient indistinctes dans l’oeuvre achevée."
Toulouse, le 30 janvier 2001